Dossier NBA: L’internationale à l’américaine

D’un épiphénomène il y a une vingtaine d’années, l’arrivée des « étrangers » (entendez par là des non nord américain) est devenue une tendance lourde aujourd’hui. Emboitant le pas de grands joueurs tels Drazen Petrovic, Toni Kukoc et autres, Arvydas Sabonis la crème du basket mondial traverse les continents pour tenter le coup. Certes ce n’est pas toujours une réussite et quelques uns des meilleurs joueurs se sont casser les dents sur les parquets américains souvent du fait de l’incompétence d’un coach. Ainsi, le roi Antoine Rigaudeau s’est vu imposer un parcours de slalom en dribble autour de vulgaires plots lors d’un essai chez les Raptors. Que dire de l’exceptionnel Šar’nas Jasikevi’ius si brillant en Europe et limité au « garbage time » aux USA. S’imposer en NBA est difficile et sûrement encore plus quand le joueur n’est pas né sous la bannière étoilée. Les stéréotypes sont encore présents dans bon nombre de caboches américaines mais il faut bien l’avouer les temps changent et l’oncle Sam commence à comprendre l’intérêt de composer une équipe avec plusieurs nationalités. On peut remercier les Colangelo père et fils, Nelson père et fils, D’antoni et autre Popovich d’avoir su ouvrir les yeux sur autant de talents. Aujourd’hui la NBA est pluriculturelle et a pris le bon chemin en optant pour l’ouverture de ses frontières tant le contingent jeune américain semble pauvre en matière de formation. La ligue est plus compétitive, plus offensive, plus intelligente … en bref elle est vraiment devenue ce qu’il se fait de mieux dans le genre. Si les joueurs U.S sont de vrais athlètes qui allient rapidité, détente et explosivité, chaque nationalité a sa spécificité. Portons un regard rapide sur les grandes nations de la NBA : Analyse.
Le mental Argentin
S’il est bien une nation qu’il faut admirer c’est bel et bien l’Argentine. Parent pauvre du continent Américain, ce pays sait mieux que quiconque ce que veulent dire les mots « travail » et « don de soi ». S’il ne fallait retenir qu’une qualité chez les joueurs argentins, on prendrait sans hésitations : LE MENTAL. Jamais au grand jamais un joueur Albiceleste ne s’avoue vaincu et pas seulement au basket … demandez à l’équipe de France de rugby. Ce qui caractérise les joueurs sud américains c’est avant tout la fierté, fierté d’appartenir à un peuple, de le représenter, d’en être un porte drapeau mais aussi fierté dans l’approche d’une rencontre. N’avoir peur de personne et surtout ne jamais baisser les bras quelque soit l’adversaire. Si l’argentin doit perdre une rencontre il la perdra les armes à la main. Manu « el magnifico » Ginobilli en précurseur, c’est tout une équipe de warriors qui débarque aujourd’hui en NBA. La plupart d’entre eux ayant déjà fait leurs classes et leurs preuves en Europe chacun de ces joueurs portent en lui la culture de la victoire. On serait tenté de dire que les Luis Scola, Fabricio Oberto, Andres Nocioni et autre Walter Hermann seraient presque l’antithèse de nos basketteurs frenchies. Pas par le talent, non, mais par cette approche de la victoire et de la capacité à soulever les montagnes lors des moments décisifs. Si l’on a souvent stigmatisé les carences françaises lors du money time et cette incapacité à tuer un match dans les dernières minutes d’une rencontre, on a, au contraire, souvent souligné la capacité des joueurs argentins à renverser toutes les situations même celles les plus improbables. Si Duncan et Parker mettent les paniers pendant trois quart-temps, c’est souvent de Ginobilli que vient la lumière lors du dernier acte. Bien évidemment on peut avancer que les argentins ont moins de talents, l’ailier des Spurs mis à part, intrinsèques que les européens mais si aujourd’hui j’avais à choisir entre Dirk nowitzki et Manu Ginobilli pour me gagner un match nul doute que mon choix se porterait vers le n°20 et sa rage de vaincre tout argentine !
L’intelligence Yougoslave
Alors OUI je sais, la Yougoslavie n’existe plus depuis un bon moment mais il serait trop long de classer chaque pays tant la marque de fabrique de chacun d’entre eux leur est commune. Lituaniens, Croates, Serbes … même combat pour un seul mot d’ordre : INTELLIGENCE. Dieu que les yougoslaves sont intelligents sur un terrain de basket ! Leur approche tactique, souvent alliée à une adresse redoutable, font de ces joueurs les premiers choix des recruteurs américains. Si cette intelligence leur ouvre généralement les portes du paradis NBA, elle en est aussi habituellement la cause lorsqu’elles se referment. Cette approche tactique du basket est le fruit d’heures de travail et d’humilité où les joueurs répètent leurs gammes jusqu’à n’en plus finir. Bozidar Malkovic aimait à répéter qu’on ne maîtrise parfaitement un geste que lorsqu’on l’a réussi 100 fois de suite. Nul doute que l’ancien coach du CSP Limoges aurait eu du mal à inculquer ses valeurs en NBA. Si les américains maïtrisent l’art du 1 contre 1, appris généralement sur les play grounds, les yougoslaves eux sont plutôt adeptes du jeu collectif. Il n’est pas rare de voir les équipes comme la Serbie ou la Lituanie jouer au maximum des 24 secondes pour trouver le position parfaite du shooteur. SI la méthode peut s’avérer fastidieuse et parfois bien ennuyante à suivre elle est, par contre, un régal pour les yeux de puriste une fois maitrisée. Le ballon tourne, les écrans sont posés au milimètre pour libérer un joueur qui en délivrera un autre, qui se verra servir un modèle de passe pour un shoot au cordeau. Une autre spécificité de la formation yougoslave est cette capacité à faire évoluer les grands loin du panier. Dès le plus jeune âge, on inculque aux jeunes basketteurs que la taille ou le poste de jeu n’est pas une fatalité mais plutôt un moyen pour arriver à ses fins et que ces dernières ne sont pas forcément un shoot sous le cercle quand on émarge à plus de 200 centimètres. Arvydas Sabonis avait dans sa panoplie une merveille de shoot à 3 points qui déstabilisait de nombreux pivots adverses. Malheureusement, c’est encore une fois un frein pour certain d’entre eux quand il s’agit de s’imposer sur les parquets NBA. Dans cette ligue les grands ne s’écartent pas, ils luttent pour la position préférentielle sous le panneau, ce qui n’est pas dénué de sens tant le choix tactique du « grand qui shoot » doit être le complément des « petits qui luttent pour le rebond ». Quoiqu’il en soit, la Yougoslavie reste et restera la fournisseur officiel de basketteur européen à la NBA car, avec les Etats-Unis, elle demeure la nation (sans en être une) la plus talentueuse. Qui n’aurait pas aimé voir une opposition Dream Team 92 contre une Yougoslavie réunifiée avec des talents comme Dra’en Petrovi’, Vlade Divac, Toni Kuko’, Predrag Danilovi’, Dino Radja ou ‘arko Paspalj. En tout cas moi j’aurais payé pour voir ça !
La grinta Espagnole
A l’instar des Argentins, les espagnols sont de redoutables compétiteurs qui ne lâcheraient une victoire que sous la menace d’une arme… et encore ! L’Espagne est la nation émergente du Basket mondial : champion du monde en 2006, vice champion d’Europe en 2007 chez les hommes, vice championne d’Europe en 2007 chez les femmes et tout ça sans parler des titres raflés chez les jeunes lors des compétitions internationales preuve du potentiel espagnol. Lancés par le titre de Rookie Of the Year décroché par Pau Gasol en 2002, les espagnols commencent à faire leur trou dans le championnat américain. Pas seulement parce que leur leader à montré la voie mais aussi et surtout parce que les joueurs arrivés sur le sol américain ont l’avantage d’avoir réussi dans la Liga Española de Baloncesto. Cette ligue est certainement ce qui se fait de mieux en matière de championnat européen avec la Lega Italienne et certains de ces plus beaux écrins préfèrent parfois même y faire carrière plutôt que de passer l’atlantique : Dejan Bodiroga par exemple. Gasol a remporté le championnat et la « copa del rey »en 2001, Calderon a été finaliste de l’euroleague avec Vitoria, sans parler des nombreux titres de Garbajosa avec ses différentes équipes (Vitoria, Malaga). Réduire la spécificité des joueurs espagnols à la seule qualité de leur championnat ou à la compétitivité de leurs équipes serait simpliste car ces joueurs sont, en quelque sorte, le plus bel amalgame de ce que peut être et doit être un basketteur moderne. Les joueurs espagnols ont en eux la fierté latine et l’intelligence tactique européenne. Leur culture basket est au croisement de ces deux approches et nul doute que l’impact grandissant du basket espagnol n’est pas prêt de s’arrêter. Que leur manque-t-il alors ‘ Peut-être la confiance d’un entraîneur et la capacité de celui-ci à intégrer un zest de basket espagnol dans une grosse dose de sauce américaine. Après avoir émargé à un intéressant 9 points 5 rebonds de moyenne en 27 minutes de jeu l’an passé, le grand Jorge Garbajosa en est réduit à 10 pauvres minutes cette saison. Juan Carlos Navarro lui, après une excellente campagne de pré-saison, passe du tout au rien en fonction des humeurs de son coach : 32 minutes contre Seattle, 8 points 4 rebonds et 4 passes ; deux jours plus tard contre Portland Navarro il ne passe que 3 minutes sur le terrain. Le 17 novembre dernier l’espagnol débute son premier match comme titulaire : 31 minutes, 14 points, 4 rebonds et 4 passes. Le 21 novembre il n’est plus titulaire et ne joue que 10 minutes. A sa place, Marc Lavaroni, énigmatique coach des Grizzlies, lui préfère Damon Stoudamire et ses 34 ans qui passe plus de temps à chercher son souffle qu’à véritablement créer quelque chose sur le terrain. Alors Lavaroni et Mitchell même combat ‘ C’est cette incompréhension qui pourrait bien conduire nos basketteurs espagnols à repartir dans leurs pénates mais une chose est sûre : ces joueurs peuvent apporter une vraie valeur ajoutée à n’importe quelle franchise si tant est qu’on leur laisse leur chance !
Le physique Français
Si les espagnols sont ce qui se rapproche le plus des basketteurs argentins, les français sont certainement ceux qui ressemblent le plus aux américains. Nos frenchies qui ont passé l’atlantique sont tous dotés de physiques d’athlètes. Les Pietrus, Diawara et autre Parker n’ont rien à envier à la rapidité ou à l’explosivité des joueurs U.S. Tony Parker est d’ailleurs reconnu comme un des joueurs les plus rapides de la NBA et est aujourd’hui ciblé comme un joueur extrêmement dangereux pour les défenses adverses. Mais passons pour une fois sur le leader français pour nous attarder sur ce qui devient une marque de fabrique française. Quel est le point commun entre Boris Diaw, Mike Pietrus, Mike Gélabale, Yakouba Diawara et Joakim Noah ‘ Un physique d’athlète … facile, c’est mentionné plus haut. Non, outre cette caractéristique musculaire, c’est avant tout l’usage qu’ils en font. Grâce à ces qualités les français sont devenus des défenseurs reconnus !! Il n’est pas rare de voir chacun des joueurs cité plus haut assigné à la garde spéciale d’un scoreur adverse. Si la plupart de joueurs américains n’apprécient que modérément les bienfaits d’une bonne défense, les joueurs français ont quand à eux trouvé là le moyen de l’imposer comme un véritable atout. Tous les coachs ont compris l’importance de disposer dans son équipe d’un véritable chien de garde : Ron Artest, Raja Bell et leur maître à tous Bruce Bowen. Les français ont donc là la possibilité d’apporter une réelle valeur ajoutée, si en plus, ils sont capables de courir comme TP, créer comme Diaw ou shooter à 3 points comme Yakhouba Diawara alors il se peut qu’ils s’imposent comme d’authentiques alternatives dans leurs rosters respectifs. La tendance ne risque d’ailleurs pas de s’infléchir puisque avec l’arrivée récente de Noah, qui a carrément fait de la défense son art de jouer, la prochaine sensation « made in France » annoncée, j’ai nommé Nicolas Batum, est unanimement reconnue… pour sa défense. Comme tous n’ont pas la chance d’avoir le talent de Parker, l’intérêt français est bien d’appuyer là où ça fait mal en apportant une vraie spécificité « camenbert baguette ». Après tout, c’est bien Michael Jordan qui disait « l’attaque gagne les matchs mais la défense gagne les titres »… A bon entendeur.