Le Magic Orlando change la tapisserie

Ne pas laisser Miami prendre trop de place
Othis Smith fut l’un des premiers à critiquer ouvertement le Heat de Miami et son trio magique. Malheureusement pour lui son équipe était jusqu’à maintenant bien loin de pouvoir rivaliser avec les coéquipiers de Wade, les Celtics voire les Bulls. Pour ne pas perdre la face, le General Manager du Magic a donc décidé d’agir. Pour cela le front office a donc opéré à couvert et a frappé vite et bien. Pour cela Smith a donc coupé les branches vieillissantes, décevantes et frustrées du grand arbre d’Orlando. Exit Vince Carter sur le déclin (15ppg, 4rpg et 3apg, plus faibles totaux de sa carrière), au revoir le surcôté Rashard Lewis et son contrat envahissant (12ppg, 4rpg et 1apg), bye bye Mike Pietrus et ses envies de minutes (7ppg et 3rpg).
C’est donc trois joueurs décevants qui quittent le navire du Magic et qui renforceront respectivement les Suns de Phoenix et les Wizards de Washington. En échange Orlando obtient du lourd, en tout cas du plus costaud que ce qu’il perd puisque le sous côté (l’inverse de Lewis) Jason Richardson (18ppg, 4rpg) débarque accompagné d’un revenant : Hedo Turkoglu. Complètement perdu depuis son départ de la floride, le turc revient dans la franchise qui lui a donné son statut de joueur all star. Mais dans cet échange Otis Smith joue encore plus gros avec l’arrivée d’un joueur qui fut autrefois l’un des tout meilleurs meneurs de la ligue et qui depuis n’est plus qu’un paria : Gilbert Arenas. L’homme aux revolvers n’aura pas résisté à l’arrivée du jeune rookie star, John Wall. Pour Washington comme pour Arenas un divorce était la situation la plus adaptée. L’ancien agent zéro fut l’un des joueurs les plus marquants du Wizard mais ses blessures à répétition, son côté provocateur et ses dernières frasques l’ont guidé vers une sortie sans strass ni paillettes. Dommage pour un joueur qui avait réussi à redonner à la capitale ses lettres de noblesses. Aujourd’hui Otis Smith a choisi de lui faire confiance pour donner à Orlando une chance supplémentaire de retrouver les finales et postuler pour le titre. Arenas en a les moyens et c’est clairement pour lui sa dernière chance de se hisser aux rangs des Hall of Famers. Gagnant-gagnant donc…
Pari risqué
En optant pour un tel transfert Othis Smith a clairement donné les cartes à son coach pour faire d’Orlando un favori pour le titre. Howard-Nelson-Arenas-Turkoglu-Richardson est certainement l’un des 5 majeur les plus talentueux de la ligue. Mais la pomme n’est-elle pas empoisonnée ‘ Certes le trio Carter-Lewis-Pietrus ne donnait pas la pleine mesure de son talent et les deux premiers constituaient un frein évident aux chances d’Orlando d’atteindre les finales mais les arrivées d’Arenas et Turkoglu peuvent donner à redire. Jason Richardson n’est pas homme à tirer la couverture à soi et son apport a été indéniable dans toutes les franchises parmi lesquelles il est passé. Il sera parfait dans la rotation de Stan Van Gundy. Hedo Turkoglu, s’il a fait des merveilles du temps où il portait le maillot du Magic, s’est clairement perdu depuis son départ. Son refus de prolonger avec Orlando il y a deux saisons, sa piètre saison à Toronto suivi de ses pauvres commentaires à l’encontre de la franchise canadienne, son faux début de saison avec les Suns qui l’aura repoussé sur le banc de Phoenix fait que le turc n’est plus que l’ombre de lui même. Il serait très surprenant de le voir retrouver son meilleur niveau juste parce qu’il retrouve une équipe avec qui il a joué son basket le plus inspiré.
Quand à Gilbert Arenas, l’énigme est complète. L’agent Zéro a prouvé depuis le début de saison qu’il était capable de retrouver son meilleur niveau. Mais c’est évidemment quand Arenas peut contrôler le jeu et mener son équipe que l’ancien wizard est le plus efficace. Que va-t-il pouvoir faire alors qu’Orlando a choisi de conserver Jameer Nelson. Il lui faudra soit s’adapter au poste 2 qu’il a dit apprécier mais qu’il n’a su bonifier à Washington soit accepter de passer au poste de 6ème homme. Or la deuxième option ne semble pas vraiment envisageable. Il y a donc un chérif de trop aux Magics.
Chris Paul et Carmelo Anthony ‘
Autant de constats qui nous mènent à nous interroger sur le bienfondé de ce transfert, sur la durée du moins. N’aurait-il pas été plus judicieux de tenter un « run » vers des joueurs en partance plus opérationnels. Carmelo Anthony en valait clairement la chandelle et on doute que le Nugget aurait refusé d’associer son talent à Dwight Howard. Idem pour Chris Paul qui vaut plusieurs joueurs du Magic. Au lieu de ça Otis Smith a fait ce qu’il a critiqué cet été : accumuler les individualités plutôt que de chercher la complémentarité. Certes Orlando n’a pas perdu au change, loin de là, mais si la mayonnaise venait à ne pas prendre c’est bel et bien le gros Dwight qui pourrait demander à prendre de l’air.
Nous n’en sommes pas là, laissons au nouvel effectif d’Otis Smith le temps de nous prouver que nous avons tort et que le Magic d’Orlando new look a les moyens de ses ambitions. Un prétendant de plus dans une NBA de plus en plus déséquilibrée.